Les neurosciences et le développement personnel

C'est lors de ma grossesse que j'ai découvert les travaux de recherche d'Alison Gopnik et de Catherine Gueguen sur les neurosciences. J'en ai appris beaucoup de choses, et cela m'a ouvert l'esprit sur d'autres compréhensions, d'autres perspectives.

Comme l'explique Jean Epstein; "Pendant des années, nous avons été dans l'erreur pédagogique, les neurosciences ne font que confirmer ce qu'avaient intuitivement senti, dès le début du 20ème siècle, les penseurs des pédagogies nouvelles".

Vous avez sûrement déjà entendu des phrase de ce genre: "Arrête de t'écouter!"; "Mais non tu n'as pas mal!", "T'es pas gentil!", et d'autres du même ordre... ces phrases dites éducatives, qui apprenaient à prendre de la distance avec soi-même au prétexte d'encourager vers une autonomie, de rendre plus fort ou persévérant. Mais voilà, grâce à ces nouvelles sciences nous savons maintenant de manière factuelle que la plasticité cérébrale fait que l'enfant est une véritable éponge qui absorbe tout mot, geste, humiliation, attitude, et que chaque situation vécue, si elle n'est pas bien accompagnée, va laisser des traces. " Les neurosciences affectives et sociales donnent une autre vision de l'enfant. Elles constituent un apport considérable dans la connaissance du développement de l'être humain, et on commence à mieux comprendre ce qu'il faut faire pour que l'enfant se développe bien." L'enfant est fait pour la joie et l'émerveillement ! L'empathie de l'enfant s'encourage et se transmet, et Catherine Gueguen l'explique très bien dans ses livres au travers de ses recherches.

En mettant ces nouvelles données, cette écoute en pratique dans mes séances d'accompagnement auprès d'adultes sur le travail avec leur enfant intérieur, Je constate des changements rapides s’opérer sur les participants. Adapter ces méthodes envers notre propre enfant intérieur ouvre sur une autre compréhension de qui nous sommes et de comment nous percevons ce qui nous arrive et par conséquent comment nous concevons la vie, notre existence. Il est certainement vrai, mais je n'ai toutefois pas vérifié que les méthodes utilisées en développement personnel n'ont pas les mêmes impacts sur le cerveau, puisque nous travaillons sur des cerveaux adultes et non ceux en développement des jeunes enfants. Cependant, les résultats sur les facultés intellectuelles et affectives, la concentration, l'élévation de l'empathie naturelle, la coopération, la diminution du stress et les émotions apaisées, la confiance en soi retrouvée, sont des conséquences directes et rapides chez les participants adultes. Reconnaître et mettre des mots sur les émotions reçues par l'enfant, et en l'occurrence l'enfant intérieur, lui apporter soutien et compassion lui permet de se sentir reconnu dans ce qu'il a vécu et ce qu'il ressent encore, et aide l'adulte à adopter un comportement positif pour son propre développement personnel, face à ce qu'il vit.

Ce que je constate aujourd'hui de par mon vécu, mon expérience personnelle, mais surtout mon métier, c'est qu'en se reconnectant à son enfant intérieur, en le reconsidérant, et en lui redonnant sa place d'être source, nous nous ouvrons à une autre perception et compréhension de la vie. Notre société est construite sur une éducation (familiale ou sociétale) qui dissocie l'individu de sa source créatrice personnelle. Nous ne savons pas quelle sera la société de demain, car notre schéma d'éducation est heureusement aujourd'hui remis en question. Les enfants de demain ne seront pas les enfants "dissociés" que nous pouvons être ou avons été. Aujourd'hui les méthodes de développement personnel nous apprennent à renouer avec notre identité profonde, cela prendra du temps, mais permettra un accompagnement complètement différent auprès des générations à venir. Ces futures générations pourront donc se développer non plus en taisant leurs ressentis pour s’adapter à un milieu (au prétexte que c'est au bénéfice de l'évolution), mais seront les nouveaux créateurs de nouvelles vérités de vie, de connexions et d’interactions avec celle-ci. Les neurosciences nous apprennent énormément sur le développement cérébral, émotionnel et hormonal chez les enfants, et commencent à nous ouvrir les yeux sur les erreurs de compréhension de ce qu'ils sont et de leurs besoins et fonctionnement. Ce qui permet de remettre en question les méthodes d'accompagnement éducatives et les interactions que nous avons avec eux... Mais grâce à mon métier, je vois aussi un lien évident avec nous-même, chaque individu que nous sommes...

En nous aidant des neurosciences pour comprendre l'enfant que nous étions et nous reconnecter à celui-ci pour nous guérir des blessures que les principes éducatifs ou autres sujets à traumas nous ont causés, nous ouvrons un nouveau chemin des possibles pour une meilleure compréhension de l'existence sur terre et du vivre ensemble. Lorsque l'enfant intérieur reprend sa place en tant qu'entité source de vie dans l'"être", le sentiment "d'égo", ce besoin de se protéger pour défendre sa place au sein de la société, ce combat mental/psychologique de l'adulte intégré n'a plus lieu d'être, et la véritable nature de l'être reprend sa place; à savoir le besoin d'empathie pour vivre et le désir de donner de l'amour et de partage, de "faire ensemble".

Pour conclure, je reprendrai une citation de Françoise Dolto:"Une société n'a de valeur qu'en fonction de ce qu'elle choisit de donner à ses enfants." Alors n'oublions pas non-plus ces enfants que nous étions et qui vivent encore en nous, ces enfants intérieurs qui méritent aussi cette reconnaissance et cette attention.

Anne-Laure Anglade

Accompagnatrice en hygiène de vie et développement personnel